not drunk (rafson)

rafson

3 heures du mat'. Le nez collé contre le bois, tu glisses le long de la porte sur tes genoux, frappant des petits coups réguliers. Putain t'es pas bien sérieux, tu vas peut-être même gerber sur ce beau paillasson qui te gratte les pieds. Parce que t'es pieds nus, et t'as aucune idée du pourquoi du comment. D'ailleurs t'as mal, super mal, et tu te dis que t'as potentiellement marché sur une seringue de junkie et que t'as attrapé le sida. Ouais, c'est même sûr. Putain t'as envie de chialer. PFFF, t'aurais pas du boire ce dernier whisky, tu savais bien qu'il était de trop. Non, pas les sept autres, juste le dernier. En plus aucun de ces connards n'a répondu à tes appels désespérés, et t'es convaincu qu'ils t'ont bloqué. « EHHHH OUVREEEEEZ. » Tu t'époumones, le doigt heurtant la sonnette. Tu restes appuyé de longues secondes, seul le silence répondant à tes grognements de gros lourd torché. Alors t'agrippes fermement la poignée pour te redresser sur tes jambes tremblantes, la bouche collé contre l'interstice de la porte. « DADA ALLEZ VIENS ME MONTRER TA NUISETTE ! » Tu ricanes bêtement en essayant de t'imaginer ce que la naine peut porter pour aller au lit. En vrai, t'es persuadé qu'elle a un vieux pyjama assorti avec des dauphins, c'est bien un truc de son âge. Alors t'es parcouru d'un frisson de dégoût, et t'entreprends de changer de cible. « RAPHY CHÉRI TU SAIS QUE T'ES OBLIGÉ SINON J'VAIS DIRE A TOUS TES VOISINS QUE TU BAISES DES ... » PAF, ton coeur rate un battement et tu trésailles de surprise, manquant de te ramasser sur le paillasson extérieur. Une porte s'ouvre, mais pas la bonne. WOW, la vision d'horreur. Au vue de la nappe du dix-huitième siècle qui lui couvre le dos et sa coupe de cheveux quelque peu approximative, t'en déduis que t'as sortie l'octogénaire de sa douce nuit. Bordel, toutes les meufs deviennent comme ça ? Ark t'aimes plus les meufs ça y est, c'est décidé. « Ça ne va pas non petit vaurien ! Je vais appeler la police. » C'est quoi ça, sans déconner ? La mémé elle te fait délirer, tellement que tu pars dans un grand rire sonore qui aura tôt fait de réveiller les derniers épargnés par tes beuglements répétés. Sauf que la vieille elle n'a pas l'air de très bien le prendre, aussi elle brandit un balai calé dans le coin de son entrée pour venir te frapper l'épaule avec le manche. Ola c'est du délire, t'as été bombardé ans une réalité parallèle ou quoi ? « Aïeuuuh putaiiiin. Je meurs, JE MEURS SAUVEZ MOI ! » Tu hurles en t'accroupissant, les bras levés pour parer les attaques de super mémé. Bon ok, t'exagères un peu. Juste un peu. Mais la vieille, elle frappe fort. Et toi, t'aimes pas la violence et encore moins taper des vieilles. Tu vas quand même pas lui décrocher une droite, elle risquerait d'en faire une crise cardiaque. Mais elle s'acharne mémé, et elle a pas l'air décidé à s'arrêter malgré tes gémissements de fillette hyper virils. Aussi tu continues de frapper la porte de la coloc' à coups de pieds cette fois, à moitié recroquevillé sous les coups de balai de la vieille voisine. Tu veux pas mourir comme ça, c'est trop la honte.