i'll be there for you (r/poppy)

A la faveur désenchantée du monde, la pluie vient abreuver le macadam. Une vision qui par la fenêtre peut paraître bien triste, bien fade mais qui bien au contraire te rappelle certains élans du passé. Des bribes antérieures qui virevoltent dans ton esprit de temps à autres. Une pensée qui va de concert avec le silence paisible qui règne dans l'enceinte de la colocation. Si l'un avait des devoirs d'horaire à tenir pour conserver son boulot, l'autre semblait encore en perdition entre sa notoriété et ses défis de vitesse. Non pas que tu n'appréciais pas tes colocataires – c'était plus compliqué avec le pilote qu'avec ton ami d'enfance – mais tu devais avouer qu'un peu de quiétude n'était pas de trop. La veille au soir, tu avais cumulé plusieurs heures de boulot, des offres que tu ne pouvais refuser. Certains engagements avaient été posés au café depuis des semaines et un appel pour un remplacement ne se refuse pas non plus. Ereintée par une courte nuit de sommeil, le plaisir de se reposer l'histoire d'une après-midi quand bien même les révisions s'illuminent dans ton programme. Trêve de flemmardise, tu pousses un léger soupir comme pour balayer la fatigue qui te taraude. Une manière bienvenue de reprendre ta dynamique et tes objectifs pour le reste de la journée. Du moins c'est ce que tu comptais faire jusqu'à ce que ton cellulaire bourdonne lourdement sur la petite table basse du salon. Les minutes défilent et avec elles l'idée même de feinter son existence mais sans oublier la ténacité de l'émetteur des nombreux appels et messages. Tu finis par tendre le bras pour l'attraper, peu étonnée de voir qu'il s'agit de ta meilleure amie. La détermination un trait de caractère que tu partageais tout en complicité avec Poppy. 5 appels en absence autant de messages envoyés. Il est vrai que ces derniers jours, le mantra métro-boulot-dodo – si on peut le dire ainsi – te coller plutôt bien à la peau. De ce fait, peu de temps à accorder  à ta famille, encore moins à tes plus proches amis. La culpabilité jalonne quelques peu ta réflexion avant que tu ne te décides à répondre par la positive au rendez-vous que te proposait – imposait – ta camarade. Laissant les révisions pour plus tard, tu enfiles rapidement ta veste de saison et attrape ton  sac à bandoulière tout en fermant la porte du loft. Un bon quart de marche et quelques portes coulissantes plus tard te voilà au sein même du centre commercial du quartier. Un endroit que tu ne fréquentais que très peu, il faut dire que l'activité shopping est bien loin de t'être familière et encore moins favorable. Néanmoins, t'y rendre pour visiter le petit salon de thé français et ses gourmandises sucrées, c'est un autre registre. Une fois entrée à l'intérieur du petit commerce, il suffit d'un simple regard pour voir que Poppy est déjà installée à une table. «  Tu savais comment me trainer ici, pas vrai ? ». L'interroges-tu d'une voix amusée avant de déposer une bise sur sa joue et de te laisser tomber sur le siège en face. A dire vrai, Poppy avait conscience qu'en te donnant rendez-vous ici, elle parviendrait à te faire sortir de chez toi. Et oui, tu vénérais la cuisine française mais encore plus les viennoiseries.